Dimitri Merejkowsky 6 роки тому
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* arguments arbitraires (`*args`, `**kwargs`).
* Chaînes de documentation

# Modules, packages
# Example

Top 100 des mots les plus fréquents dans un fichier texte

Notions:
* fichiers
* arguments en ligne de commande, `sys.argv`

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import sys


def get_value(pair):
key, value = pair
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def get_word(chunk):
if all(x.isalpha() for x in chunk):
if len(chunk) < 4:
return None
return chunk.lower()
else:
return None


def main():
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scores = {}

for line in stream.readlines():
for chunk in line.split():
word = get_word(chunk)
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if not word in scores:
scores[word] = 0
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for word, count in top[0:10]:
print(count, word)


if __name__ == "__main__":
main()

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Merci Carole,
Merci pour ce chaleureux accueil.

Chers membres du Conseil, que vous soyez ministres, parlementaires, référents ou adhérents – ici dans cette salle, pour moi, nous sommes tous des marcheurs, donc chers marcheurs.

Tout d’abord merci. Merci d’avoir répondu présents, un dimanche, à la Villette. Un endroit chargé de souvenirs (les plus anciens s’en rappelleront peut-être, cette salle avait accueilli le meeting de l’entre deux tours de la présidentielle et la première convention de LaREM. Merci, merci surtout pour votre engagement, pour votre dynamisme et pour votre volonté inlassable d’agir pour faire avancer les transformations dans notre pays, pour porter haut et fort la voix de La République En Marche. Vous faites vivre notre mouvement au Gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Sénat, et sur tous les territoires de l’hexagone, de l’Outre-Mer et chez les Français de l’étranger. Vous êtes La République En Marche !

Mes amis, ce week-end a été un week-end riche dans la vie de notre mouvement : hier, nous avons organisé un colloque, remarqué je crois, pour échanger sur un thème qui nous est tous très cher, celui du progressisme. Et aujourd’hui, nous réunissons le Conseil de La République en Marche qui est le premier depuis celui qui, en novembre dernier, avait élu Christophe Castaner à la tête de notre mouvement. Une matinée, j’en suis sûr, qui va nous permettre notamment d’échanger, de réfléchir ensemble pour déboucher concrètement sur des solutions pratiques et efficaces pour mieux vous aider à faire vivre La République En Marche sur le terrain, au plus près des réalités. Et je sais que votre tâche n’est pas toujours facile, mais ne l’oubliez jamais, sans vous et sans votre engagement, La République En Marche ne serait qu’un appareil politique parmi tant d’autres. Et ça nous n’en voulons pas.

Mes amis,

Ne tournons pas autour du pot, je n’aurais pas dû être devant vous ce matin. Et pourtant, il n’y a pas de crise, il n'y a pas de drame, mais ce Conseil intervient, comme souvent dans la vie des organisations, dans un contexte inattendu. Vous l’avez compris, la nomination de Christophe au ministère de l’Intérieur l’a conduit à quitter la direction de notre mouvement afin de se consacrer pleinement à celle lourde tâche qui l’attend place Beauvau, celle notamment d’être le ministre en charge d’assurer la sécurité de nos concitoyens.

Permettez-moi, en votre nom, au nom de l’ensemble des marcheuses et des marcheurs, de remercier chaleureusement Christophe, pour son action déterminée depuis le premier jour quand nous nous appelions En Marche et ces douze derniers mois à la tête de La République En Marche. Christophe d'ailleurs nous rejoindra tout à l’heure pour conclure ce Conseil. Sous son autorité, avec le Bureau Exécutif, avec les référents locaux et avec l’ensemble des forces vives de La République En Marche, nous avons bâti les fondations de la pérennité de notre mouvement, un jeune mouvement qui a porté Emmanuel Macron à la Présidence de la République et qui désormais se construit, se développe, et c’est inédit, comme la première force de frappe de la majorité présidentielle.

Le Bureau Exécutif, a donc examiné sereinement la situation, il a pris ses responsabilités et a souhaité que l’un des leurs soit désigné Délégué général par intérim de notre mouvement. Ce n’est plus un scoop, je suis devant vous. Cette mission temporaire m’a été confiée à l’unanimité. Je tiens à nouveau à remercier mes amis pour cette marque de confiance, qui me fait chaud au cœur. Pour ne rien vous cacher, cette mission que je n’avais jamais imaginée, je l’accepte avec honneur, et j’y mettrai toute mon énergie pour la mener à bien. Cette mission je l’aborde avec responsabilité, humilité, lucidité, et je n’hésiterai pas - ceux qui me connaissent un peu le savent - à la mener avec une certaine autorité, bien sûr toujours respectueuse de nos valeurs et de nos statuts. Le sens du collectif, la réflexion partagée, l’écoute mais aussi trancher, la décision, seront les boussoles de mon action pendant ces six semaines. Six semaines pendant lesquelles je veux être un Délégué général par intérim utile.

Les choses sont claires et je le répète : je n’ai pas vocation à rester à la tête du mouvement au-delà de cette courte période de transition. Il n’était pas question pour le Bureau exécutif qu’un Délégué général par intérim puisse se porter candidat à la tête du mouvement. En effet, nous qui revendiquons de nouvelles pratiques politiques, il n’aurait pas été sain, respectueux et pour tout dire démocratique, d’en être autrement. C’est d’ailleurs pour moi, l’une des conditions nécessaires à la réussite de cette mission.

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis ce que certains appellent un « marcheur de la première heure ». C’est vrai, très tôt, aux côtés d’Emmanuel Macron il y a 30 mois, avec quelques autres compagnons qui sont aujourd'hui ici présents, nous avons pris l’initiative de fonder En Marche !. Mais je vous le dis très franchement : ma proximité avec Emmanuel Macron n’est pas un signe de la volonté du président de la République d’intervenir dans la gouvernance du mouvement. Ce serait mal le connaître, et ce serait mal me connaître également. Nous avons toujours eu, tous les deux – avant autant qu’après son élection – un dialogue nourri de confiance, d’exigence et de respect. Mais la loyauté n’exclut pas l’indépendance d’esprit, l’indépendance de La République En Marche, même avec un président de la République.

Bien sûr, je vais, avec l’ensemble du Bureau exécutif, avec j’espère le soutien et l’aide de vous tous, tout mettre en œuvre dans les jours et les semaines à venir pour que cet exercice démocratique soit exemplaire, c’est-à-dire paisible, bienveillant, transparent, à l’image de ce que nous sommes, et finalement, nous devons profiter de ce moment pour que tous ensemble nous fassions la démonstration collective, de notre maturité politique et que La République En Marche en sorte renforcée.

Un mot sur le calendrier de cette campagne dont les modalités vous seront précisées très rapidement : je peux d’ores et déjà vous dire que les candidatures seront ouvertes jusqu’à la mi-novembre et que l’élection aura lieu le 1er décembre prochain. Vous serez donc invités à nouveau, dans 41 jours très précisément, pour décider de celle ou de celui qui prendra la tête de notre mouvement.

Il y a au sein de La République En Marche beaucoup de talents, ce qui signifie qu’il y aura des candidates et des candidats, je n’en doute pas, légitimes pour diriger notre mouvement, il leur appartient désormais de se faire connaître. Mais je l’ai dit devant le Bureau Exécutif qui partage mon point de vue, nous devons être vigilants à ce que cette campagne éclair ne vienne pas, par des comportements, des initiatives, des propos à l’emporte-pièce, abimer l’image et la réputation de La République En Marche - bref affaiblir son efficacité, et au final sa force. Je le répète, je serai très vigilant sur cette question.

Parce que cette élection, là aussi que les choses soient claires, ce n’est pas un changement de cap, ce n’est pas un changement d’équipe, c’est juste un moment certes important où nous devons trouver collectivement, la meilleure ou le meilleur d’entre nous pour nous incarner, celle ou celui qui mettra toute son énergie, toute sa passion, au service, et au service je ne veux pas dire exclusivement mais principalement, de notre mouvement. D’ailleurs mes amis, si tel ne devait pas être le cas, l’immense majorité des marcheurs et les Français qui nous regardent ne tolèreraient pas que le premier parti de France se détourne de son rôle historique de la transformation du pays pour étaler ses divisions ou ses états d’âme. Dans cette campagne, ne l’oublions jamais, nous avons un devoir d’exemplarité.

Au-delà de la réussite de cette élection, je me fixe une deuxième mission, et elle est tout aussi importante à mes yeux. Je veux, comme le dit une vieille expression populaire, faire que « pendant les travaux la vente continue ». Vous m’avez compris, tout le travail que nous avons accompli doit se poursuivre, s’amplifier, s’accélérer conformément à notre plan de marche.

Ces six semaines de transition à la tête du mouvement ne seront donc pas une parenthèse, ne seront pas un moment de flottement, une sorte de pause : j’en prends l’engagement. Les 4 principales priorités que nous nous sommes fixés demeurent notre feuille de route :

La première d'entre elles : accompagner le Gouvernement et le Parlement dans la transformation du pays, en soutenant la majorité présidentielle, pour expliquer inlassablement le sens des réformes mais aussi, et c’est notre rôle, quand c’est nécessaire, inspirer, influencer voire challenger quelques-unes des politiques publiques.

La deuxième priorité, c’est aussi le rôle d'un mouvement et je crois qu'à partir de l'année prochaine, vient le temps des rendez-vous électoraux, il nous faut les préparer, c'est très important puisque les Français auront, ou pas, à nous témoigner ainsi leur confiance. Je pense en particulier au premier rendez-vous électoral : les élections européennes. Imaginez que pendant ces six semaines, nous disions à nos partenaires ou à ceux avec qui nous avons le désir d'élargir le pacte majoritaire, de rassembler au plus large, que nous ne retravaillerons avec eux que dans 6 semaines. Non. Ça ne serait pas sérieux et ce n’est pas nous.

La troisième priorité et c’est notre raison d’être : continuer à inventer des nouvelles formes d’engagement, faire de la politique autrement. C’est là une de nos promesses, une des promesses fondatrices de La République En Marche : nous avons en cours une foison de projets citoyens, avec au fond une idée, une seule idée en tête qui nous guide : être les vigies du réel.

Enfin bien sûr, dernière priorité : affirmer notre corpus idéologique et programmatique, notamment autour de l’idée du progrès. C’est un travail de longue haleine, nous avons fait un pas important hier avec notre colloque, mais cette colonne vertébrale se construira tout au long du quinquennat et, c'est cela notre originalité, elle s'articulera avec les transformations que nous mettons en œuvre. C’est d’autant plus nécessaire que nous sommes aux responsabilités.

Mes amis,

Nous sommes aujourd’hui 400 000. Quelle formation politique, pourrait prétendre rassembler sérieusement 400 000 adhérents ?

Quelle formation politique, aujourd’hui, pourrait organiser, partout en France, une centaine d’évènements en un week-end, comme nous l’avons fait fin septembre dans le cadre de la rentrée des territoires ?

Quelle formation politique, aujourd’hui, pourrait aller frapper aux portes de 230 000 Français pour les écouter et échanger sur l’Europe.

Cette organisation elle a un nom et c’est La République En Marche ! Nous devons en être fiers.

Notre maillage territorial, notre proximité avec les acteurs locaux - même si notre dialogue avec eux est parfois rugueux - avec la société civile, avec les citoyennes et les citoyens, partout à travers le pays mais aussi auprès des Français de l’étranger où nous sommes la première force politique, tout cela fait la vitalité de notre mouvement et je vous le dis aussi tranquillement : je ne laisserai personne, jamais, le dénigrer. N’en déplaise à certains, cette nouvelle page de l’histoire politique française a commencé avec En Marche et elle continuera, j’en suis sûr, avec La République En Marche.

Alors nous allons continuer notre travail pour faire bouger les lignes en France et en Europe. La campagne pour les élections européennes que nous avons lancée, elle se poursuit ! Le travail pour les élections municipales, il se poursuit ! Le programme de notre institut de formation, il se poursuit ! Notre réflexion idéologique, elle se poursuit !

Vous pouvez compter sur moi et sur le Bureau exécutif pour mettre toute notre force, tout notre enthousiasme dans les combats qui s’annoncent, et au premier chef, la bataille européenne, à l’heure où les nationalistes et les démagogues reprennent des couleurs et menacent les valeurs démocratiques sur notre vieux continent.

Je sais mes amis que je peux compter sur vous pour faire entendre la voix de notre mouvement, et à travers vous sur les dizaines de milliers de marcheuses et de marcheurs qui défendront durant cette élection nos valeurs et une alternative humaniste et progressiste.

Nous sommes La République en Marche !
Vive La République En Marche !

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Monsieur le ministre, madame la présidente de la commission spéciale, monsieur le rapporteur général, mesdames et messieurs les rapporteurs, nous voici donc en présence du projet de loi PACTE, le plan d’action pour la croissance des entreprises.
Un langage vieux

En commission, nous avons, dans vos bouches, entendu tous les classiques. Monsieur le ministre, je vous cite : « C’est le bon moment pour donner un nouvel élan à notre croissance » ; « C’est le bon moment pour renforcer la croissance » ; « C’est le bon moment pour libérer la croissance » ; « C’est le bon moment pour lever les obstacles à la croissance » ; « C’est le bon moment pour activer un levier de croissance ».

Je tiens à vous féliciter. Je me demande même où vous allez chercher tout ça : quelle rhétorique inédite, originale, franchement neuve !

Il me semble que j’entendais déjà cela dans le ventre de ma mère : crise, croissance, crise, croissance… Valéry Giscard d’Estaing, j’ai vérifié, tenait déjà ce langage. Je le cite : « Les derniers indices font apparaître la reprise d’une certaine croissance. Donc, la France est en train de sortir de la crise ». Puis, alors que j’étais en culottes courtes, il y a eu François Mitterrand : « On attend, on annonce encore pour le mois prochain, dans deux mois, dans six mois, un retour à la croissance ».

Chirac reprenait le même refrain, en mode volontariste : « La croissance, il faut la faire, elle est entre les mains de chacun d’entre vous. » Puis nous avons eu Nicolas Sarkozy. Vous avez oeuvré, monsieur le ministre, à ses côtés pour aller chercher « avec les dents » un point de croissance supplémentaire. Selon lui, « ll faut qu’on libère les forces de croissance ». François Hollande, lui, a comme d’habitude brillé par son conformisme : « Il n’y aura pas de croissance sans confiance. Il n’y aura pas de confiance sans croissance. » Jusqu’à l’actuel président, Emmanuel Macron, qui nous a, depuis Versailles, causé comme le faites, monsieur le ministre, de croissance durable et de croissance partagée. Il a sonné le tocsin : « Nous devons à présent libérer les freins à la croissance des entreprises ».

Voilà quarante ans que vous nous récitez ce catéchisme. Quarante ans que vous êtes dans l’incantation et dans l’invocation d’une puissance céleste : la croissance. Quarante ans que, sorciers à costume, vous nous faites du vaudou. Quarante ans que vous scrutez les statistiques comme les augures scrutaient, à Rome, les entrailles des oies, nous promettant éternellement la croissance.

Quarante ans que la croissance est votre croyance. Quarante ans que vous la guettez. Quarante que vous priez, mains jointes, pour son retour. Entre parenthèses, je me définis, comme d’autres se disent agnostique, comme « accroissant » : j’ai évacué ce paramètre comme j’ai évacué Dieu de mon champ de vision.

Et comment comptez-vous l’obtenir, aujourd’hui, cette croissance ? Avec de la concurrence, des privatisations, de la simplification, des incitations, de la compétition, dites-vous. Vous avez beau les prononcer avec emphase, vous avez beau simuler l’enthousiasme, ce sont des mots-cadavres qui tombent de votre bouche, des mots déjà usés, des mots épuisés, des mots avortés, des mots mort-nés : croissance, concurrence, compétition, simplification. C’est donc ça, votre nouveau monde ? Que de très vieilles idées, avec de très vieux mots. Vous sonnez vide et vous raisonnez creux.

L’idée m’en est venue : Emmanuel Macron, pour moi, c’est un peu Dorian Gray. Vous avez évidemment lu ce roman d’Oscar Wilde dans lequel un jeune aristocrate se sent éternellement jeune. Il l’est d’ailleurs – son visage l’est – mais le soir, il retrouve son portrait qui vieillit et s’enlaidit à sa place. Il fallait à l’oligarchie un visage neuf pour une très vieille politique : ce fut Emmanuel Macron, ou le thatchérisme à visage poupin. Mais je suis sûr que le soir, quand il se regarde dans son miroir, il voit Giscard, il voit Pompidou, il voit les rides d’un très vieux monde qui radote : Croissance ! Croissance ! Croissance !
La croissance ne fait plus le bonheur

Je voudrais ici porter une idée neuve en Europe : la croissance ne fait plus le bonheur. Un tableau fourni par l’Organisation des Nations unies le montre bien.

Que nous dit-il ? Que dans les premières phases du développement, la richesse apporte en effet aux pays un supplément de bien-être : l’espérance de vie s’élève très rapidement. C’est vrai dans les pays pauvres. Mais d’autres phases suivent : plus le niveau de vie augmente, plus le lien entre revenu et espérance de vie s’atténue. Il finit par disparaître entièrement : à partir d’environ 25 000 dollars par habitant, la courbe ascendante devient horizontale.

Faisons maintenant un zoom sur les pays les plus riches.

Que remarque-t-on ? Eh bien justement, rien ! Dans les pays les plus riches, il n’y a plus de lien entre le niveau de richesse et le niveau de bien-être. Les pays se trouvent distribués de façon aléatoire : les États-Unis, le pays plus riche, ont une espérance de vie inférieure à celle l’Espagne et à celle de la Nouvelle-Zélande, et à celle de pays où le revenu par habitant est presque deux fois moindre ! Et on obtient les mêmes résultats, les mêmes courbes et la même incohérence si, à la place de l’espérance de vie, on prend tous les problèmes sanitaires et sociaux, comme la mortalité infantile, l’obésité ou les homicides.

Cela signifie une chose simple et essentielle : la croissance ne fait plus le bonheur. D’ailleurs, depuis quarante ans ans qu’on nous répète crise-croissance-crise-croissance, autrement dit depuis le milieu des années 70, le revenu par habitant en France a quasiment doublé. Mais pour le taux de bonheur, c’est-à-dire la proportion des personnes se déclarant heureuses, cela n’a rien à voir ! Si vous regardez la courbe du revenu par tête de pipe, c’est-à-dire par habitant, et celle du taux de bonheur déclaré, elles sont complètement disjointes : le niveau de bonheur n’augmente plus, même si la croissance persiste.

Ce n’est donc plus, aujourd’hui, la croissance qui nous apporte un supplément de bien-être.
Répartir, tout de suite

Pourquoi, alors, vous accrocher à cette croissance ? Pourquoi marteler ce dogme ? Pourquoi êtes-vous, aujourd’hui encore, prêts à priver les salariés de cantine, à privatiser les aéroports et le Loto et à déréglementer les tarifs du gaz au nom de cette croissance ?

C’est que, pour les puissants, la croissance remplit une fonction, un rôle idéologique. Elle permet de dire aux gens : prenez patience, votre sort va s’améliorer – mais attendez d’abord la croissance. C’est un sédatif. C’est une camisole rhétorique.

Que proclame, par exemple, le président Macron? Que, comme on l’a encore répété à cette tribune, « sans croissance, il n’y a aucune chance d’avoir de la redistribution. » C’est faux. C’est archi-faux. C’est une imposture. On peut redistribuer. On peut redistribuer tout de suite. Et on peut redistribuer massivement.

Pourquoi, alors, un tel mensonge ? Parce que Macron est l’homme des 500 familles. Des 500 familles qui se gavent. Des 500 familles qu’on retrouve chaque année dans Challenges, qui est, vous le savez, ma lecture favorite. L’an dernier, ce magazine de l’économie écrivait : « Le constat saute aux yeux : le patrimoine des ultra-riches, en France, a considérablement progressé depuis deux décennies. La valeur des 500 fortunes a été multipliée par sept ! Des chiffres qui témoignent du formidable essor des entreprises au bénéfice de leurs actionnaires ». « Résultat : les ’’500’’, qui ne comptaient que pour l’équivalent de 6 % du PlB en 1996, pèsent aujourd’hui 25 % ! »

Mais cela, c’était l’an dernier : cette année, dans le nouveau classement de Challenges, ces 500 fortunes, qui pesaient l’an dernier 25 % du PIB, représentent aujourd’hui 30 % de ce même PIB ! Ils ont donc gagné 5 % en douze mois seulement.

Et ce qui manquerait, après tout ça, c’est la croissance ? Non, ce qui manque, c’est le partage. Le partage d’abord, le partage tout de suite ! Le gâteau devant nous est énorme, gigantesque : 2 300 milliards d’euros. Voilà le PIB de la France. Deux mille trois cents milliards d’euros ! Une richesse jamais atteinte ! Il y a de quoi déguster pour tout le monde, et même largement. Partageons ! Mais ce mot, partage, vous fait horreur. Partager : c’est pour les riches depuis toujours un cri d’effroi.

Votre raisonnement, alors, c’est-à-dire le raisonnement que l’on nous serine depuis quarante ans, c’est : on va faire grossir le gâteau, comme ça, les pauvres auront plus de miettes, les riches auront un plus gros morceau et tout le monde sera content.

C’est une imposture. C’est une escroquerie.

Un économiste, ou un intellectuel, l’a d’ailleurs dit très clairement : « Il est un mythe savamment entretenu par les économistes libéraux, selon lequel la croissance réduit l’inégalité. Cet argument permettant de reporter ’’à plus tard’’ toute revendication redistributive est une escroquerie intellectuelle sans fondement. » Qui formulait cette brillante analyse ? Qui disait : n’attendez pas la croissance pour redistribuer ? Savez-vous, monsieur le ministre, qui a dit cela ?

Jacques Attali ! Mais en 1973… Depuis, il les a rejoints, les économistes libéraux. Il en a pris la tête, il a répandu cette escroquerie intellectuelle sans fondement. Il a conseillé Ségolène Royal avant de rejoindre Nicolas Sarkozy et de pondre ensuite, aux côtés d’Emmanuel Macron, ses 316 propositions pour libérer la croissance française, symbole de la pensée unique. D’une présidence à l’autre, cette escroquerie intellectuelle se perpétue donc.
L’urgence écologique

Mais l’escroquerie tourne aujourd’hui à la tragédie. Car enfin, et surtout, il y a la planète. Vous aurez beau habiller votre croissance de tous les adjectifs du monde – verte, durable, soutenable… – à qui ferez-vous croire que l’on va produire plus et polluer moins ?

C’est du bidon. C’est du baratin greenwashé. C’est du verdissement lexical. La vérité, et vous le savez, c’est que le gâteau PIB est aujourd’hui truffé de trucs toxiques, bourré de glyphosate, pourri de plastique, et qu’il ne fait plus tellement saliver.

La vérité, et vous le savez, c’est qu’on en est déjà, en trente ans, à 30 % d’oiseaux en moins, 80 % pour les insectes volants, les papillons, les coccinelles. Et les prévisions montent à 95 % pour 2030, c’est-à-dire une disparition quasi-totale pour demain, en France !

La vérité, et vous le savez, c’est qu’on est déjà au-dessus de 1,5 degré de réchauffement climatique – au-dessus de 2 degrés et, sans doute, de 3 degrés. Les pôles fondent, et les glaciers avec eux.

La vérité, c’est que l’angoisse monte encore plus vite que le niveau des océans. Quel air, quelle terre, quelles mers allons-nous laisser à nos enfants ?

La vérité, c’est que tout cela, vous le savez, mais vous continuez comme avant, répétant « Croissance ! Croissance ! Croissance ! » comme si de rien n’était.

La vérité, c’est que votre oligarchie préfère les profits à la vie.

La vérité, c’est que vous êtes les dirigeants du pays, mais que vous le dirigez droit dans le mur écologique, droit au crash environnemental, droit à l’effondrement. On y va, on y fonce gaiement et le pied sur l’accélérateur : Croissance ! Croissance ! Croissance !

La vérité, c’est que vous êtes aveuglés, inconscients, délirants. Il faut d’urgence que les gens, le peuple, les masses, appelez ça comme vous voudrez, reprennent le volant, changent de direction, appuient sur le frein. À moi, à nous d’assumer cette rupture, de la proclamer, de la marteler : votre croissance, nous ne l’attendons plus, nous n’en voulons plus et même, elle nous tue !
Un avenir désirable

C’est une camisole, cette croissance. C’est une camisole pour la politique et c’est une camisole pour l’imaginaire, parce que tant qu’on espère la croissance, on ne porte aucune autre espérance. On prie, à genoux, en cadence, pour un monde révolu, alors que si ça se trouve, bien mieux s’ouvre à nous. Un avenir pas seulement vivable, mais désirable nous tend les bras, bien plus plaisant que votre vieux monde rabougri et ridé.

C’est un défi que l’épidémiologiste anglais Richard Wilkinson énonce ainsi : « C’est la fin d’une époque. Jusqu’ici, pour améliorer notre condition, il y avait une réponse qui marchait : produire plus de richesse. Nous avons passé un certain seuil, et ce lien est désormais rompu. C’était prévisible : si notre estomac crie famine, manger du pain est le soulagement ultime ; mais une fois notre estomac rassasié, disposer de nombreux autres pains ne nous aide pas particulièrement. Nous sommes la première génération à devoir répondre de façon plus novatrice à cette question : comment améliorer autrement la vie humaine ? Vers quoi nous tourner si ce n’est plus vers la croissance économique ? »

Eh bien, je réponds – nous répondons, avec Richard Wilkinson, avec Dominique Bourg, avec Hervé Kempf, avec Paul Ariès, avec Aurélien Barrau et, peut-être, avec Nicolas Hulot ; avec bien d’autres encore, nous répondons : moins de biens, plus de liens ! Nous répondons : consommer moins, répartir mieux ! Nous répondons : le partage, surtout, le partage, tout de suite. Nous répondons : égalité – l’égalité qui est au cœur du triptyque républicain Liberté, Égalité, Fraternité, l’égalité sans quoi tout s’écroule, l’égalité aujourd’hui oubliée, bafouée, chaque jour piétinée.

Aujourd’hui, vous m’écoutez comme un original, comme un marginal, bien assis que vous êtes sur vos certitudes – Croissance ! Croissance ! Croissance ! Mais un vent se lève. C’est même un orage, une terrible tempête, que moi aussi je redoute et qui viendra balayer votre assurance, qui viendra imposer une évidence : les fous, c’est vous – les fous qui prônez une croissance infinie dans un monde fini, les fous qui menez l’humanité à son suicide.

Heureusement, il reste quelques sages, des gens peut-être sans cravate, ou aux cheveux longs, ou au langage mal policé, mais des gens au fond infiniment plus raisonnables et qui préparent pour demain, pour notre pays, une autre espérance.